BDA 10 ans
question n°1
Tu sembles faire preuve d’un réel attachement à ce statut |
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Quelles sont les rencontres |
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J’aime bien rencontrer des gens qui ne me ressemblent pas. J’ai toujours pensé qu’il était dangereux de s’entourer de personnes qui ont les mêmes points de vue, les même activités, les mêmes origines sociales. C’était un peu ma hantise quand je me suis inscrit sur BDA. Encore une fois ce n’était qu’un préjugé hâtif.
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Tu as eu un rôle majeur dans la vie du site et tu reviens petit à petit vers celui-ci. |
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A l’époque de mon inscription, BDA sortait tout juste d’une crise qui l’avait déchiré en deux pour donner naissance à une autre entité. Certains membre désireux de se professionnaliser, avaient sûrement envie de quelque chose de plus technique et de plus élitiste, ils avaient de ce fait créé une nouvelle communauté. Au lendemain de cette scission, BDA devait progressivement se reformer, et je pense que pour cela tous les membres qui montraient un minimum d’investissement et qui partageaient les mêmes vues sur la BD amateur étaient rapidement intégrés et fidélisés grâce à des marques de reconnaissance. C’est ainsi qu’en peu de mois je me suis retrouvé dans l’équipe de modération. Il faut avouer que la mariée mise à nue est loin d’être laide car même si les coups de gueule entre modérateurs existent, ils sont finalement assez marginaux. Même si les implications sont un peu inégales, chacun faisant selon son temps, tous les modérateurs agissent d’un commun accord pour que l’éthique BDamateur soit respectée au quotidien.
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Participer aux dix ans de BDA, |
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Par nature je ne suis pas trop anniversaire ou commémoration, et au départ j’ai affiché une certaine circonspection. J’avais l’impression que fêter les 10 ans de BDA en invoquant d’anciennes figures du site, parfois inactives, c’était une négation du présent et ne pas laisser assez de place aux membres actifs d’aujourd’hui. Mon point de vue a évolué. Je crois qu’effectivement fêter les 10 ans de BDA, c’est important car c’est une manière de dire, bah oui les auteurs passent et se succèdent mais l’aventure continue car BDA ne tient pas aux intérêts et aux égo d’une poignée de personnes mais fonctionne sur l’énergie de passionnés. Et d’autre part je pense que les dossiers BDA 10 ans de Franck, Tube, Vicks, Nairolf, Corriveau et Swan. Ont permis de tracer les grandes lignes de l’histoire du site. Au delà de ça, ce qui fait vraiment plaisir, c’est de voir des BDA qui se sont inscrit encore enfant (10 - 12 ans) et qui sont encore là en pleine adolescence et en pleine évolution. |
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Dans ton travail, tu sembles affectionner les récits graves et sombres. |
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En fait je pense que toutes les BD de genre, même d’humour sont des ghettos de pensée. Je ne me dis jamais "tiens je vais faire des récits graves et sombres" ou des récits plus humour. Le peu de fois ou j’ai essayé de me forcer à faire du sombre, c’est de l’humour qui est sorti et vice-versa. Se contraindre à rentrer dans un créneau ou un genre, je pense que cela reviendrait à amputer le fond du discours.
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Pourquoi travailles-tu essentiellement en noir et blanc ? |
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Ah non il m’arrive de porter des t-shirt de couleurs au travail ... |
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Quelle serait ta définition |
En fait je lis très peu de BD, mis à part des auteurs pour auteurs. La rare BD qui m’ait plu à l’extrême ce fut celle de Kim Deitch "Boulevard of the Broken Dreams" qui mêlait à la fois graphisme, récit, moment historique et fantaisie. Je n’aime pas les récit purement autobiographiques et linéaires; je les apparente à de simples supputations hasardeuses sur des événements anecdotiques dont le seul point commun est un auteur égocentrique qui pense avoir mesuré le sens de tout ce qui l’entourait, et d’autre part je pense avec André Breton, qu’il n’y a aucun intérêt à faire état des moments nuls de sa vie. Bien entendu, comme Nietzsche l’écrivait, toute oeuvre est biographique, même un précis de philosophie ou de science. Pour moi une BD idéale, c’est une bd imparfaite et en devenir où le lecteur pénètre un univers mental et se l’approprie pour créer à son tour. |
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Quelle a été la genèse |
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J’ai toujours voulu que toutes mes créations aient un sens en commun. Lorsque j’ai lu l’Ethique de Spinoza, j’ai profondément été touché par cette philosophie puissante (il faut bien soustraire la démonstration de l’existence de Dieu, ce raisonnement faisant partie du parapluie anti-censure de l'époque). Le terme "cité des esclaves" découle directement de sa pensée. Mon ambition serait de pouvoir mêler la philosophie à mes récits. Plus tard Remedium s’est intéressé de près à la cité des esclaves et comme nous avions beaucoup de points de vue en commun, nous avons finalement décidé de créer une association. Malheureusement nous sommes bourrés de projets et tout avance péniblement à cause de nos travails respectifs. Mais nous ferons tout pour être présent en 2009.
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Sur quoi "planches-tu" en ce moment ? |
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Tout d’abord puisque c’est la dernière question, je voudrai vous remercier de m’avoir convié aux 10 ans de BDA. Je suis désolé d’avoir répondu d’une manière aussi plate à ce questionnaire et je suis désolé pour le pauvre lecteur qui aura tenu jusqu’à cette ligne. Bon anniversaire a tous.
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Interview de Philippe Gorgeot